Les secrets du complet

Le complet.

Classique connu de tous, il est indispensable dans le quotidien de nombreux professionnels. Malheureusement, avoir un style au goût du jour est plus complexe que de faire un nœud de cravate, enfiler un veston et partir au bureau.

Sans avoir la prétention de vouloir surpasser les prochaines tendances du magazine Vogue, j’ai discuté avec Simon Venne, styliste, pour connaître ses meilleurs conseils pour avoir un complet au style intemporel.

L’important est de porter ce qui nous représente et ce dans quoi nous nous sentons à l’aise. Dans un milieu professionnel, où l’on doit rencontrer des clients quotidiennement, être bien dans ses vêtements fait toute la différence.

Styliste sur le plateau de La Voix pendant 5 ans, il a travaillé avec « monsieur et madame Tout-le-monde », comme il le dit lui-même, qui devaient apparaître sous leur meilleur jour. Il a compris assez rapidement que, sans couvrir la personnalité, les vêtements devaient la refléter.

À Éminence, nous collaborons avec Simon dans le cadre de nos mandats pour hauts-dirigeants. Ensemble, nous aidons nos clients à communiquer leur marque personnelle à travers leur garde-robe.

Émilie : Quelles couleurs sont à prioriser pour le complet?

Simon : Ce sont toujours les mêmes : le marine, le gris et le noir. Elles sont quatre saisons, mais aussi très intemporelles. Il faut faire attention aux complets bruns ou beiges, qui peuvent donner un aspect un peu daté. Au final, il faut trouver une couleur qui complète bien notre teint de peau. Mon conseil principal est d’investir dans un complet classique et sans motifs trop apparents. On peut ensuite se permettre d’aller chercher les accents de couleurs dans l’alliage chemise, cravate et mouchoir de poche.

Émilie : As-tu des conseils au niveau de l’ajustement?

Simon : Je le dis toujours, c’est le point le plus important. Il est très rare d’acheter un complet qui soit parfaitement à votre taille dès le premier essayage. Il y a beaucoup d’endroits qui offrent le service d’ajustement, mais il est primordial de choisir des gens d’expérience. Les parties essentielles à ajuster sont la longueur des manches, la taille du veston, le dos, les bords et la taille du pantalon.

Pour le veston, selon nos mesures, nous sommes catégorisés “court” ou “long”. Quelqu’un de petit a avantage à porter du court, puisqu’un veston mi-cuisse aurait un effet écrasant. Un complet qui semble trop grand vieillit celui qui le porte. Au niveau des épaules, dès qu’on est en mesure de prendre une épaulette avec la main, le veston est trop grand. Il vaut mieux aller chercher un grandeur impeccable pour les épaules et ensuite ajuster au niveau du corps. Pour les hommes plus bâtis, beaucoup de marques offrent des complets de coupe athlétique, qui leur sont destinés.

Pour le pantalon, il faut s’assurer qu’il n’est pas trop long et qu’il ne plie pas plusieurs fois à la chaussure. Un trop grand nombre de plis crée une largeur au bas de la jambe. Un pantalon bien ajusté permet d’avoir une jambe droite qui allonge la silhouette. Je recommande un pantalon qui « casse » une fois seulement et qui accote sur la chaussure. Pour que les pantalons soient bien ajustés au niveau de la jambe et de la cuisse, il est possible de prendre une dimension plus petite et de faire ouvrir le pantalon à la taille. Il y a une marge de manœuvre qui permet à un couturier de vous rajouter un peu d’espace à la taille tout en ne compromettant pas l’ajustement du reste de la jambe.

Émilie : Au niveau du style, quel type de complet est le plus approprié au milieu professionnel?

Simon : Je conseille toujours d’éviter les complets à 3 boutons, qui étaient plus présents dans les années 80 et 90. Dans un contexte professionnel, il faut s’éloigner du style 1 bouton, qui réfère aux habits de type tuxedo. Ma recommandation est de se diriger vers un complet à 2 boutons, plus intemporel et classique. Un point très important : on n’attache jamais le dernier bouton tout en bas! Pour le veston, on essaie aussi de prioriser les revers d’une largeur de 2 à 3 pouces (plus ou moins 5 à 7.5 centimètres) . Ceux qui sont trop minces ou trop larges ont une apparence un peu figée dans le temps.

Émilie : On parle beaucoup du complet en tant que tel, mais qu’en est-il des accessoires?

Simon :

La cravate : Pour avoir un ensemble assez intemporel, je conseille de ne pas aller dans les extrêmes. Par exemple, si quelqu’un de mince et petit porte une cravate large, il aura l’air un peu disproportionné, autant que quelqu’un de costaud qui porte en porte une très mince. Une largeur standard d’environ 2 pouces (plus ou moins 5 centimètres) est à prioriser. Pour la couleur et les motifs, c’est l’accessoire idéal pour sortir de l’ordinaire. Il est intéressant d’aller chercher des motifs et des symboles qui rendent notre ensemble plus recherché. Si nous ne sommes pas certains de l’agencement, on peut y aller avec un classique, soit une chemise unie avec une cravate à motifs. Il faut toujours chercher à avoir une répétition de la couleur du complet dans la cravate. Si on est audacieux, le mélange de motifs peut aussi être intéressant, mais il ne faut pas que ça accroche l’œil. Il doit y avoir une certaine harmonie.

La montre : Sans surprise, je conseille de s’éloigner des montres digitales. Une valeur sûre est d’aller vers un beau bracelet en cuir avec un cadran intéressant et proportionné. La montre doit complimenter un look, pas attirer toute l’attention.

Le mouchoir de poche : Le mouchoir est une belle addition à tout complet! Pour savoir bien le plier, vous êtes à un clic d’un tutoriel. Vous pouvez également le faire de façon simple et très carré, pour qu’une petite ligne de couleur sorte de votre poche de veston. Allez-y avec votre personnalité et ce qui vous représente.

Les chaussures et la ceinture : C’est encore important de respecter l’alliage chaussure et ceinture. Je conseille de prioriser le cuir et les chaussures à bout rond, noires, brunes ou caramel.

Au-delà de tous ces conseils techniques, la règle d’or de Simon est de prioriser ce dans quoi on se sent bien. La confiance en soi suit alors naturellement, et cela fait toute la différence.